Le 9 septembre 2024, M. Draghi a remis son rapport sur la compétitivité européenne demandé par la Présidente de la Commission européenne et a déclaré que l'UE devait se concentrer sur trois questions cruciales :
- Combler le fossé en matière d’innovation avec les États-Unis et la Chine,
- Elaborer un plan commun pour lier l’objectif de décarbonation à une compétitivité accrue,
- Renforcer la sécurité de l’Europe et réduire sa dépendance à l’égard des puissances économiques étrangères.
Lors du débat qui a suivi le discours de M. Draghi, de nombreux députés ont souscrit à son analyse selon laquelle l'économie de l'UE devait changer de cap de toute urgence. L'UE devrait se concentrer sur la concurrence et l'innovation dans les industries clés, et orienter davantage d'investissements publics et privés dans les transformations sociales, vertes et numériques. Certains députés ont appelé à une plus grande souveraineté et à des marchés plus libres, et ont souligné que la lutte contre le changement climatique sabotait l'économie de l'UE. D'autres ont fait observer que la croissance était compatible avec les technologies propres innovantes et les investissements sociaux, afin d'aider les citoyens à adapter leurs compétences.
Le rapport est structuré en cinq parties et formule près de 170 propositions :
- Réduire l’écart en matière l’innovation
- Allier décarbonation et maintien de la compétitivité
- Renforcer la sécurité et réduire les dépendances
- Assurer le financement des investissements
- Renforcer la gouvernance [de l’Union européenne]
Pour atteindre ces objectifs, un investissement supplémentaire annuel minimum de 750 à 800 milliards d’euros est nécessaire, ce qui correspond à 4,4-4,7 % du PIB de l'UE en 2023.
Synthèse des recommandations du Rapport Draghi sur le futur de la compétitivité
Réduire l’écart en matière d’innovation :
- Doubler le budget du programme-cadre pour la recherche et l'innovation pour le porter à 200 milliards d'euros sur 7 ans
- Créer une agence européenne pour l'innovation de rupture
- Instaurer un nouveau statut d'« entreprise européenne innovante » et unifier le droit des sociétés pour favoriser la croissance des start-ups
Allier décarbonation et maintien de la compétitivité :
- Élaborer un plan commun pour la décarbonation et la compétitivité : rester à la pointe des technologies bas carbone tout en préservant son tissu industriel, notamment en levant les freins (financement et aides d’Etat) et en rétablissant des conditions de concurrence équitable sur le plan international
- Découpler les prix des énergies renouvelables des combustibles fossiles pour réduire les coûts énergétiques
Renforcer la sécurité et réduire les dépendances :
- Mettre en place une « politique économique étrangère » pour réduire les dépendances stratégiques (Chine) : coordonner les accords commerciaux préférentiels et les investissements directs avec les pays riches en ressources, constituer des stocks dans certains domaines critiques et créer des partenariats industriels pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement des technologies
- Créer une « plateforme européenne des matières premières critiques » pour sécuriser l'approvisionnement chargée d'agréger la demande pour les achats conjoints et de gérer des stocks stratégiques au niveau européen
Assurer le financement des investissements :
- Encourager le développement des fonds de pension dans l’UE, afin de financer des projets innovants
- Construire une véritable Union des marchés de capitaux pour faciliter le financement des entreprises innovantes
Renforcer la gouvernance de l’Union européenne :
- Généraliser le vote à la majorité qualifiée au lieu de l’unanimité pour accélérer le processus législatif
- Créer un poste de vice-président de la Commission chargé de la simplification des réglementations
Enfin un autre point saillant :
- Réduction des obligations de reporting de 25 % et s'engager à atteindre une réduction de 50 % pour les PME
Cette charge réglementaire et administrative excessive nuirait à la compétitivité des entreprises de l’UE face à d’autres blocs économiques, en affectant négativement la productivité, en augmentant les coûts opérationnels, en élevant les barrières à l’entrée pour les nouvelles entreprises, et en entraînant des prix plus élevés pour les consommateurs.
Sont cités en exemples la directive sur le reporting en matière de durabilité (CSRD), celle sur les obligations de diligence raisonnable (CSDDD) et le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).